Dimanche 28 Mars : 
Journée mondiale de l’endométriose

L’endométriose est une affection gynécologique. Elle perturbe le bien-être physique mais elle peut, de plus, avoir des conséquences psychologiques et peser sérieusement sur la relation avec les autres. On estime que 10 à 15% des femmes en âge de procréer sont atteintes de cette maladie, à des degrés très divers.

Dans les formes importantes, il y a un retentissement sur la qualité de la vie quotidienne.

La variabilité des signes cliniques et leur importance rendent le diagnostic parfois compliqué à poser et entraine un retard de diagnostic avec un délai moyen entre le début des symptômes et la prise en charge estimé à 6-7 ans.

Qu’est ce que l’Endométriose ? 

L’endométriose se définit par la présence, en dehors de l’utérus, de tissu semblable à ceux de la muqueuse utérine (l’endomètre) et répondant, par conséquent, aux mêmes influences hormonales du cycle ovarien de la femme.

Quelle origine pour cette maladie ?

La présence de muqueuse de l’utérus dans le pelvis et sur d’autres organes du corps humain s’explique principalement par le phénomène de « menstruation rétrograde ».

En fait, pendant les règles, une partie du sang menstruel, remonte dans l’utérus et, en passant par les trompes de Fallope, s’écoule dans la cavité abdominale.
Des fragments de la muqueuse utérine contenus dans ce flux peuvent se fixer sur les organes alentours et créer les lésions de l’endométriose.
Mais d’autres raisons multifactorielles expliquent ce phénomène qui résulte finalement d’une action combinée :

  • Facteurs génétiques avec une prédisposition familiale possible
  • Facteurs hormonaux
  • Perturbateurs endocriniens
  • Réponse immunitaire et inflammatoire inadéquate de l’organisme
  • Obstacle ou obstruction mécanique au niveau du col de l’utérus.

Il existe des facteurs aggravants le risque d’endométriose comme ne pas avoir d’enfant ou avoir des cycles courts avec des règles abondantes. Mais la prise d’une contraception diminue le risque de cette maladie.

Où se situent les lésions ? 

  • Les lésions sont présentes le plus souvent dans le « pelvis » :
    – Ovaires
    – Péritoine
    – Ligaments utérins
    – Rectum (souvent entre le vagin et le rectum)
    – Vessie
  • Plus rarement :
    – Côlon- intestin grêle
    – Col de l’utérus, vagin et vulve
    – Uretères
    – Épiploon
  • Encore plus rarement :
    – Plèvre
    – Poumons

Plusieurs zones peuvent être atteintes chez une femme.

Qu’est ce que l’adénomyose ? 

On parle d’Adénomyose lorsque ces fragments sont présents à l’intérieur du muscle de l’utérus ou myomètre.
L’adénomyose et l’endométriose ne sont associées que dans 30% des cas.

Quelles sont les formes d’endométriose ? 

L’endométriose peut se présenter sous 4 types différents :

  • Superficielle si les fragments sont à la surface du péritoine.
  • Ovarienne si les fragments sont sur les ovaires.
  • Profonde infiltrante si les lésions pénètrent à plus de 5 mm dans le péritoine ou les organes abdominaux.
  • Extra pelvienne si les lésions touchent le diaphragme ou le thorax par exemple.

Quels symptômes et pourquoi ? 

Les symptômes principaux de la maladie sont des douleurs de zones variables et d’intensité variable.

Les symptômes ne sont pas révélateurs de la gravité de la maladie, une maladie installée peut être aussi asymptomatique. Les mêmes lésions seront d’intensité variable d’une femme à l’autre.
Les douleurs installées créent au niveau cérébral une hypersensibilité qui au fur et à mesure de la maladie entraine une amplification des douleurs.
Les douleurs peuvent être présentes pendant ou en dehors de la période des règles, elles sont invalidantes chez 70% des femmes atteintes d’endométriose, et entrainent, bien logiquement, des conséquences importantes sur la qualité de vie quotidienne tant privée que professionnelle.

On retrouve des conséquences sur la fertilité chez près de la moitié de ces femmes.
Ces douleurs s’expliquent par des phénomènes mécaniques engendrés par la sensibilité au cycle hormonal ovarien des fragments de muqueuses, disséminés dans le corps de la femme.

En réponse aux hormones, les fragments de muqueuse vont saigner comme dans l’utérus mais le sang ne va pas s’écouler vers l’extérieur. Le sang s’accumule dans la cavité abdominale et provoquent des troubles tels que douleurs ou perturbations des fonctions des organes touchés par ces lésions. Il se produit un phénomène d’inflammation sur les zones lésées qui amplifie le ressenti de la douleur ou le dysfonctionnement de l’organe touché.

Le passage dans les voies lymphatiques ou dans les vaisseaux sanguins de particules de muqueuse utérine explique la naissance de lésions d’endométriose en dehors de la région abdomino-pelvienne.

Quand peut-on suspecter une endométriose ? 

Si pendant de nombreuses années les femmes douloureuses en période de menstruations ont été considérées, par une majorité de professionnels de la gynécologie, comme des femmes douillettes ou hystériques, le développement de la connaissance de l’endométriose permet actuellement une bien meilleure considération de la souffrance de ces femmes ainsi qu’une meilleure prise en charge de la maladie dans tous ses aspects.

Il convient donc à toutes femmes ou professionnels de s’alerter devant certains signes cliniques isolés ou associés :

  • Douleurs aigues au moment de l’ovulation
  • Douleurs invalidantes pendant les règles avec un retentissement sur le déroulement de la journée créant ainsi un « handicap social »
  • Douleurs profondes au moment des rapports sexuels
  • Troubles de la fertilité
  • Douleurs pour uriner, aller à la selle avec présence ou non de sang dans les urines ou les selles.
  • Douleurs dans le ventre, au niveau des reins (lombaires) ou douleurs par irradiation le long des jambes
  • Fatigue chronique.

Ces symptômes montrent bien l’impact tant sur la vie professionnelle (absentéisme) que sociale (isolement, dépression) et sexuelle (douleurs, infertilité) qu’a l’endométriose sur les femmes atteintes.
Les différentes études ne démontrent pas une aggravation systématique des douleurs ou des lésions au fur et à mesure des années.
La maladie peut rester sans signe clinique.
Une évolution favorable significative, en revanche, apparait à la ménopause avec l’arrêt du cycle hormonal ovarien.

Comment fait-on le diagnostic de la maladie ? 

Le diagnostic se fait en deux temps et seulement par des examens paracliniques.
La première intention du professionnel médical va être de rechercher les lésions et en faire une cartographie.

Sont donc réalisées en premier :

  • Une échographie abdominale et vaginale
  • Une IRM pelvienne

Après avoir répertorié les lieux de lésions, des examens vont être éventuellement nécessaires pour établir le niveau de gravité des lésions :

  • Echographie endorectale
  • Recto sonographie
  • Bilan d’infertilité
  • IRM sur des organes ciblés.

Quels traitements pour l’endométriose ? 

Il existe actuellement deux types de traitement dont le choix de mise en œuvre dépendra les lieux et importance des lésions dans le corps de la femme.

  • Le traitement médicamenteux est souvent utilisé en première intention pour l’impact qu’il peut avoir sur les douleurs des menstruations. Il s’agit d’une contraception par pilule ou dispositif intra-utérin progestatif. D’autres médicaments peuvent être utilisé selon la gravité des lésions.
  • Le traitement chirurgical permettra de diminuer l’importance des lésions mais comporte des risques de complications et n’empêche pas forcement la récidive des lésions.

La prise en charge est complexe et dépendante de nombreux facteurs que le professionnel analysera au cas par cas pour tenir compte de l’âge de la patiente, de son désir de grossesse, de la sévérité de sa maladie et son retentissement socio-professionnel.
Cette prise en charge médicale et chirurgicale peut s’accompagner d’un travail sur l’amélioration des ressentis douloureux dans la vie quotidienne avec de l’ostéopathie ou kinésithérapie, de la thérapie cellulaire.

Une aide à la gestion de la douleur chronique peut être faite par des méthodes comme la sophrologie, réflexologie ou l’hypnose.

Article rédigé par Madame Sophie BOHÉ, sage-femme à Medicina.